Il y a des jours où coder ressemble à peindre avec des pixels.
Le curseur clignote, la musique lo-fi vibre, Copilot devine vos pensées.
Et soudain, le code coule tout seul.
Pas de plan, pas de doc — juste le feeling.
Bienvenue dans le vibe coding :
cette nouvelle manière de développer où l’intuition prime sur la syntaxe,
et où les lignes de code s’écrivent parfois toutes seules.
I. D’où vient le “vibe coding” ?
Andrej Karpathy, ancien de Tesla et cofondateur d’OpenAI, testant le “vibe coding” à la voix avec SuperWhisper.
Le terme “vibe coding” a été inventé (ou du moins popularisé) en février 2025 par Andrej Karpathy,
l’ancien directeur de l’IA chez Tesla et cofondateur d’OpenAI.
Lors d’une démo, il code entièrement à la voix, en utilisant SuperWhisper et une IA d’exécution appelée Unir.
Son idée : “Je dis ce que je veux, l’IA fait le reste.”
Une expérience radicale, presque poétique : coder sans coder.
Karpathy voulait prouver qu’on pouvait laisser le flow diriger le code,
supprimer la friction du clavier, laisser la machine compléter nos pensées.
Une sorte de freestyle numérique, où l’on ne code plus des fonctions mais des intentions.
Et le mot a pris.
En quelques jours, “vibe coding” est devenu un hashtag, un manifeste, un état d’esprit.
Les créateurs y voyaient la fin des barrières techniques.
Les développeurs, eux, y voyaient la fin de la rigueur.
Spoiler : ils avaient tous les deux un peu raison.
II. Léo, ou la tragédie du codeur sans code

L’histoire de Léo, c’est celle d’un rêveur pressé.
Un entrepreneur persuadé que le vibe coding allait révolutionner le dev.
Sur Twitter, il déclare :
“Je vais atteindre 10k€/mois avec un SaaS entièrement vibe codé.
Vous, les devs, vous verrez bien qui rigole le dernier.”

Le ton est donné.
Son app sort quelques jours plus tard, propulsée par Cursor et Claude.
Les premiers utilisateurs arrivent, les paiements aussi.
Mais qui dit client dit données sensibles…
et qui dit données, dit sécurité.
Acte II : l’arroseur arrosé

Deux jours plus tard, Léo revient, livide.
“Je me fais attaquer. Tout bug. Des gens contournent les inscriptions, ma base explose.”
L’IA corrige un bug, mais en crée deux autres.
Son rêve devient un cauchemar DevOps.
Les développeurs, qu’il avait moqués, lui proposent de l’aide.
Mais trop tard : l’app est compromise, les serveurs en flammes.
Acte III : la rédemption
“Vous aviez raison, écrit Léo.
Le vibe coding, c’est bien pour tester une idée. Pas pour la mettre en prod.”
Léo n’a pas échoué à cause du vibe coding.
Il a échoué à cause de l’illusion que la créativité remplace la compétence.
Et ça, c’est une leçon que beaucoup sont en train d’apprendre à leurs dépens.
III. Le problème du code qui s’écrit tout seul
Le vibe coding, c’est grisant… tant que tout marche.
Mais quand la vibe s’enraye, il n’y a plus grand monde pour réparer.
Parce qu’à force de laisser l’IA écrire, on oublie comment les choses tiennent debout.
On déplace la complexité sans la résoudre.
Le code ne casse plus, il déraille en silence.
Et quand vient le moment de déboguer, la vibe a disparu.
Il ne reste que des lignes écrites par quelqu’un — ou quelque chose — qu’on ne comprend plus.
“L’IA ne remplace pas les devs. Elle remplace juste leur patience.”
IV. Quand la vibe a des limites
Les outils d’IA ont beau impressionner, ils ne sont pas des oracles.
Leur contexte est court, leur mémoire fragile, et leur enthousiasme souvent trompeur.
Quelques vérités à garder en tête :
Hallucinations : un modèle peut “inventer” du code plausible, syntaxiquement parfait mais fonctionnellement faux.
(C’est un peu comme un stagiaire trop sûr de lui. (┬┬﹏┬┬) pov: ça me dit quelque chose)Contexte limité : même les meilleurs assistants perdent la vue d’ensemble après quelques centaines de lignes.
Sécurité : certains snippets proposés par IA réintroduisent des failles classiques (injections, XSS, etc.).
Normes et conformité : un projet “vibé” ne respecte souvent ni les guidelines, ni la maintenabilité.
L’IA écrit vite, mais rarement proprement.
Bref : la vibe fait gagner du temps — mais jamais de la rigueur.
V. Quand le vibe coding a du sens
Le vibe coding n’est pas à bannir — il a ses moments de grâce.
Il brille particulièrement :
- Pour prototyper rapidement, explorer une idée sans y passer la nuit.
- Pour débloquer un flow créatif, quand la page blanche s’installe.
- Pour documenter ou commenter du code, avec un ton naturel.
- Pour générer des tests, des données fictives, ou des squelettes de projet.
Mais dès qu’il s’agit de scalabilité, sécurité, performance, ou maintenabilité,
le vibe doit céder la place à la rigueur.
L’intuition est un excellent moteur — pas un bon pilote.
VI. Les réflexes du vrai développeur, même dans la vibe
Même quand on code “assisté”, il y a des réflexes sacrés qu’on ne sacrifie pas :
- Lire le code généré – toujours. Rien n’est magique, tout est testable.
- Versionner tôt – même les IA font des bêtises. Git, c’est ton garde-fou.
- Isoler les prompts – un bon prompt vaut un bon module : clair, testé, réutilisable.
- Garder la main sur la logique métier – laisse l’IA t’aider, pas décider.
- Ne jamais shipper sans review – parce que le premier reviewer, c’est toujours toi.
Bref :
“Le bon vibe coder, c’est celui qui sait quand désactiver Copilot.”
VII. Ni pour, ni contre : simplement conscient
Alors, faut-il se moquer des nocodeurs ? Non.
Les craindre ? Encore moins.
Mais les idolâtrer ? Sûrement pas.
Faut-il refuser les IA dans le dev ? Non plus.
Mais il faut se souvenir que ce n’est pas parce que ça marche que ça existe vraiment.
Le vibe coding est peut-être notre miroir :
un moyen de nous rappeler que créer, c’est aussi douter — même quand tout compile.
Pour continuer la réflexion
The Birth of “Vibe Coding” — Karpathy (février 2025)
GitHub Copilot & ses limites
The Rise of Vibe Coding (Nucamp)
HyperCard : les racines oubliées du no-code
Not all AI-assisted programming is vibe coding (but vibe coding rocks)
Le code n’est pas qu’un ensemble d’instructions, c’est une conversation — parfois avec soi-même, parfois avec une IA.
Tant qu’on continue de penser avant de générer, la vibe restera belle.
À très bientôt pour la Rune III , une nouvelle réflexion .
Magiquement vôtre,
M.Royce
